Aller au contenu

Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
ENQUÊTE

qui, dictés en principe par l’humanité, furent ensuite corrigés et paraphés par la divinité. Chaque génie y occupe son palais. Et ces divers palais, fraternisants, participent à la Sublime Confédération.

Là, fermentent les séculaires détresses de la Beauté, qui, malgré l’effort charitable du Génie, n’est pas encore en ce monde tout à fait résolue. À l’heure présente la terre ne reçoit d’elle qu’un hypothétique parfum, lequel est lui-même un peu la Beauté puisqu’il la suggère. Cette hypothèse nous instruit du moins par ses aveux, comme le rayon nous raconte tout le lointain Soleil.

À travers les fièvres de sa nostalgie, la Beauté brisée délègue nos âmes sur la terre, nos âmes qui vite s’enchâssent dans nos corps : Elle dit à ces messagères : « Pastourelles, réunissez les brebis égarées, reconstituez mon troupeau, refaites le sacré bercail. » Hélas ! les messagères sont, pour la plupart, des mercenaires s’attardant aux margelles des puits. Les rares poètes sont les bergers évangélistes.

Ces brebis égarées, les Magnifiques espèrent les rassembler. La dive Beauté, que les mortels n’ont encore vue qu’avec les braves yeux de l’éphémère foi dans le temple abstrait de la chimère, les Magnifiques l’inviteront ici-bas le plus notablement possible. Ils veulent que, par la fée Poésie, la Beauté descende s’asseoir parmi les hommes, ainsi que Jésus s’asseyait parmi les pêcheurs de la Galilée. Déjà ces