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Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/30

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ENQUÊTE

verse sur les sujets qui les intéressaient le plus, elles y virent le souci d’elles, un souci d’amoureux. Car, puisque nous réglons le compte du naturalisme, nous pouvons ajouter cette conclusion aux autres : le naturalisme est mort en même temps de saleté et de chasteté ! En effet, s’ils peignirent les bassesses et les immondices de la vie — et par là s’aliénèrent les dégoûtés — s’ils furent sales, en un mot, jamais ils ne furent voluptueux, et leur clientèle se clairsema vite des tendres et des sentimentaux. Il n’y a pas un amoureux parmi les naturalistes. Cela vous étonne ? ce n’est pas Zola, qui ne vit et ne montra jamais que la bête, ce n’est pas Daudet, ce n’est pas Goncourt qui excelle surtout dans les peintures des déviations du sens voluptueux. Alors…

— 2o Le naturalisme pouvait-il être sauvé ?

— Les deux Goncourt auraient pu sauver le naturalisme et assurer sa durée, s’ils s’étaient décidés à faire du naturalisme mondain, c’est-à-dire s’ils avaient dirigé leur objectif vers les sphères mondaines. La réalité est aussi bien là qu’ailleurs, et les passions d’une femme du monde sont aussi intéressantes et fécondes en observations que celles des laveuses de vaisselle et des filles. Mais ils y ont pensé trop tard, sans doute, et Chérie reste, dans cette voie, un tâtonnement.

Quand Zola arriva à l’apogée de sa renommée, en même temps que triomphait définitivement la démo-