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Page:Huysmans - A Rebours, Crès, 1922.djvu/23

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médullaires sur la mystique, dans son introduction aux œuvres de Saint Jean de la Croix, et je serais également plus doux pour de Montalembert qui, à défaut de talent, nous a nantis d’un ouvrage incohérent et dépareillé, mais enfin émouvant, sur les moines ; je n’écrirais plus surtout que les visions d’Angèle de Foligno sont sottes et fluides, c’est le contraire qui est vrai ; mais je dois attester, à ma décharge, que je ne les avais lues que dans la traduction d’Hello. Or, celui-là était possédé par la manie d’élaguer, d’édulcorer, de cendrer les mystiques, de peur d’attenter à la fallacieuse pudeur des catholiques. Il a mis sous pressoir une œuvre ardente, pleine de sève, et il n’en a extrait qu’un suc incolore et froid, mal réchauffé, au bain-marie, sur la pauvre veilleuse de son style.

Cela dit, si en tant que traducteur, Hello se révélait tel qu’un tâte-poule et qu’un pieusard, il est juste d’affirmer qu’il était, alors qu’il opérait pour son propre compte, un manieur d’idées originales, un exégète perspicace, un analyste vraiment fort. Il était même, parmi les écrivains de son bord, le seul qui pensât ; je suis venu à la rescousse de d’Aurevilly pour prôner l’œuvre de cet homme si incomplet, mais si intéressant, et À Rebours a, je pense, aidé au petit succès que son meilleur livre, L’Homme, a obtenu depuis sa mort.

La conclusion de ce chapitre sur la littérature ecclésiale moderne était que parmi les hongres de l’art religieux, il n’y avait qu’un étalon, Barbey d’Aurevilly ; et cette opinion demeure résolument exacte. Celui-là fut le seul artiste, au pur sens du mot, que produisit le catholicisme de ce temps ; il fut un grand prosateur, un romancier admirable, dont l’audace faisait braire la bedeaudaille qu’exaspérait la véhémence explosive de ses phrases.

Enfin, si jamais chapitre peut être considéré comme le