Page:Huysmans - A Rebours, Crès, 1922.djvu/268

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À Rome, le paganisme mourant avait modifié sa prosodie, transmué sa langue, avec Ausone, avec Claudien, avec Rutilius dont le style attentif et scrupuleux, capiteux et sonnant, présentait, surtout dans ses parties descriptives de reflets, d’ombres, de nuances une nécessaire analogie avec le style des de Goncourt.

À Paris, un fait unique dans l’histoire littéraire s’était produit ; cette société agonisante du xviiie siècle, qui avait eu des peintres, des sculpteurs, des musiciens, des architectes, pénétrés de ses goûts, imbus de ses doctrines, n’avait pu façonner un réel écrivain qui rendît ses élégances moribondes, qui exprimât le suc de ses joies fébriles, si durement expiées ; il avait fallu attendre l’arrivée de de Goncourt, dont le tempérament était fait de souvenirs, de regrets avivés encore par le douloureux spectacle de la misère intellectuelle et des basses aspirations de son temps, pour que, non seulement dans ses livres d’histoire, mais encore dans une œuvre nostalgique comme la Faustin, il pût ressusciter l’âme même de cette époque, incarner ses nerveuses délicatesses dans cette actrice, si tourmentée à se presser le cœur et à s’exacerber le cerveau, afin de savourer jusqu’à l’épuisement, les douloureux révulsifs de l’amour et de l’art.

Chez Zola, la nostalgie des au-delà était différente. Il n’y avait en lui aucun désir de migration vers les régimes disparus, vers les univers égarés dans la nuit