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Page:Huysmans - A Rebours, Crès, 1922.djvu/279

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impulsions irrésistibles que la volonté subit sans les connaître et que la pathologie cérébrale explique maintenant d’une façon à peu près sûre ; le premier aussi, il avait sinon signalé, du moins divulgué l’influence dépressive de la peur qui agit sur la volonté, de même que les anesthésiques qui paralysent la sensibilité et que le curare qui anéantit les éléments nerveux moteurs ; c’était sur ce point, sur cette léthargie de la volonté, qu’il avait fait converger ses études, analysant les effets de ce poison moral, indiquant les symptômes de sa marche, les troubles commençant avec l’anxiété, se continuant par l’angoisse, éclatant enfin dans la terreur qui stupéfie les volitions, sans que l’intelligence, bien qu’ébranlée, fléchisse.

La mort dont tous les dramaturges avaient tant abusé, il l’avait, en quelque sorte, aiguisée, rendue autre, en y introduisant un élément algébrique et surhumain ; mais c’était, à vrai dire, moins l’agonie réelle du moribond qu’il décrivait, que l’agonie morale du survivant hanté, devant le lamentable lit, par les monstrueuses hallucinations qu’engendrent la douleur et la fatigue. Avec une fascination atroce, il s’appesantissait sur les actes de l’épouvante, sur les craquements de la volonté, les raisonnait froidement, serrant peu à peu la gorge du lecteur, suffoqué, pantelant devant ces cauchemars mécaniquement agencés de fièvre chaude.

Convulsées par d’héréditaires névroses, affolées par