Aller au contenu

Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
CERTAINS

debout, devant lui, et lentement il l’étrangle avec le lacis de ses cheveux, alors que, terrifiée, les bras étendus, elle agonise, dans un spasme nerveux, d’une jouissance atroce.

La fiction dérisoire de cette scène, le sacrilège de cette croix devenue un instrument de joie, le stupre de cette Madeleine en extase devant la nudité de ce Christ, à la verge dure, toute cette Passion utérine qu’éclaire une rangée de cierges dont les flammes dardent dans les ténèbres comme des lancettes blanches, sont véritablement démoniaques, véritablement issus de ces anciens sabbats qui, s’ils n’existent plus maintenant à l’état complet et réel, n’en sont pas moins célébrés, à certains instants encore, dans l’âme putréfiée de chacun de nous.

Là encore, le peintre du nu féminin qu’est M. Rops, a saisi la chair ardente et roide ; il l’a pétrie, tordue dans des excès de fièvres ; il a révélé enfin l’extranaturel des physionomies surmenées qui éclatent en des transports si véhéments, que l’expression de leurs traits vous poursuit et vous angoisse.

C’est là, en effet, que réside la personnalité de ces planches. Un peintre de talent eût peut-