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CERTAINS

mort en 1660, par conséquent avant son père, décédé à Amsterdam, le 5 avril 1712.

Enfin, en tête de l’un de ses livres intitulé : « Le Commencement, le Milieu et la Fin de l’Homme, » livre qui contient sur une page les psaumes et sur l’autre ses poésies en paraphrases, Jan Luyken a gravé son portrait.

Il fut malaisé, je crois, d’être plus laid. Imaginez, sur une bouche à bourrelets dans laquelle pénétreraient facilement les pelles jetées sur les tenders, un nez busqué, à cascades et à bosses, terminé en des narines ouvertes comme des cuves, aux rebords taillés à biseaux ainsi que le nez des chiens de chasse ; de chaque côté, de petits yeux creux, puis des cheveux secs, séparés par une raie au milieu et tombant sur les tempes, à plat. Il semble, au premier regard, dolent et idiot ; puis, à le scruter longuement, l’incohérence de ces traits s’assemble. On découvre dans ce front carré, presque brut, dans ce nez humant et fureteur, la volonté de l’observation pertinace et ténue ; dans ces yeux enfoncés, allumés de lueurs sèches, dans cette tête maladive et bilieuse, dans cet air égaré contredit cependant par la certitude de la mâchoire, l’on sent une bonté sans