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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/149

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LE MONSTRE

sances nocives à l’affût des âmes ; ils démentent le miséricordieux espoir des principales images sculptées, plus bas, sur le portail, contredisent la Vierge et le saint Jean dont les statues supplient le Seigneur de rédimer enfin ce misérable peuple qui radote et délire depuis cinq siècles !

Mais cette beauté de l’épouvante qu’à Notre-Dame d’anonymes imagiers ont voulu rendre, se perd au moyen âge même qui s’éjouit souvent dans les facéties de ses gargouilles ; plus tard, l’imagination renonce à susciter la peur, dévie complètement dans la joie et c’est alors que la farce naît. Les tentations de saint Antoine se succèdent, les animaux comiques se mêlent aux Satans cocasses.

Dans le Jugement Dernier de Stéphan Lochner, au musée de Cologne, des diables poussent des pécheurs vers une forteresse en flammes qui simule les territoires en feu du vieil enfer. Ces diables portent sur des corps d’hommes poilus des têtes de loups surmontées d’oreilles semblables aux oreilles non coupées des bouledogues. Leur tête est en outre répétée sur chacun de leurs genoux ; une troisième, placée au bas du ventre, couvre les génitoires, symbolise