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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/211

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LA SALLE DES ÉTATS AU LOUVRE

peinture morne et sèche, emphatique et mesquine, nous déconcerte à l’heure présente et cependant n’est-elle pas supérieure au portrait du maréchal Prim dont le vagabondage du dessin et le cabotinisme édenté des couleurs font vraiment peine ?

En somme, il n’existe de réellement intéressant, dans cette pendaison de châssis, que les Delacroix et que les Ingres.

Delacroix possède là quelques-uns de ses grands tableaux : le massacre de Scio, la barque de Dante, les femmes d’Alger. Ces œuvres sont trop polluées par la vue pour que je les décrive ; elles ont figuré depuis un temps immémorial dans les musées et récemment encore, à propos de l’exposition du quai Malaquais, elles ont été reproduites dans tous les journaux à images et pilonnées par toute la presse.

Je m’occuperai plus spécialement de l’Entrée des Croisés à Constantinople qui, après avoir été enfouie pendant des années dans la nécropole oubliée d’une province, a fini par demeurer acquise au Musée du Louvre.

Ce tableau est la pièce maîtresse de la nouvelle salle et c’est, dans l’œuvre de Delacroix, la