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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/49

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FORAIN

la même époque, quelques dessins parus dans La République de Lettres : l’un, un intérieur de salon, avec des messieurs chauves et diserts, aux allures différentes et pourtant pareilles ; l’autre, une salle de cabaret, avec des ouvriers tout en barbes et en pipes, et une fille passionnément vautrée sur un voyou froid ; un autre dessin inséré, en 1876, dans la Cravache, était merveilleux encore. Il était intitulé « L’Amant d’Amanda » et formait une parodie du groupe « Gloria Victis, » de M. Mercié, avec un gommeux rigide, mi-mort, la tête en arrière, soulevé par une exquise femme qui tenait tout à la fois de la poupée et de la maraudeuse !

Puis cette saveur spéciale, dure, presque naïve, verte, si l’on peut dire, s’effaça ; sous l’influence de M. Degas, toute une technique plus compliquée parut. Alors, il fit, en d’extraordinaires aquarelles rehaussées de gouaches, des scènes de coulisses et de cafés-concerts, de bordeaux et de bars ; il apprêta des ragoûts de couleurs studieusement épicés, mit à de friandes sauces des nudités, obtint, par des mariages et des heurts inattendus de tons des effets inouïs, atteignit la nuance vraiment exacte, par l’observation atten-