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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/84

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CERTAINS

tique : des images se lèvent, des nudités se tendent ; — mais, d’un saut, l’acte naturel s’efface, comme dénué d’intérêt, comme trop court, comme ne provoquant qu’une commotion attendue, qu’un cri banal ; — et, du coup, un élan vers l’extranaturel de la salauderie, une postulation vers les crises échappées de la chair, bondies dans l’au-delà des spasmes, se déclarent. L’infamie de l’âme s’aggrave, si l’on veut, mais elle se raffine, s’anoblit par la pensée qui s’y mêle, d’un idéal de fautes surhumaines, de péchés que l’on voudrait neufs.

A spiritualiser ainsi l’ordure, une réelle déperdition de phosphore se produit dans la cervelle, et si, pendant cet état inquiétant de l’âme qui se suggère à elle-même et pour elle seule, ces visions échauffées des sens, le hasard veut que la réalité s’en mêle, qu’une femme, en chair et en os, vienne, alors l’homme, excédé de rêve, reste embarrassé, devient presque frigide, éprouve, dans tous les cas, après une pollution réelle, une désillusion, une tristesse atroces.

Cette étrange attirance vers les complications charnel les, cette hantise de la saloperie pour la