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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/92

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CERTAINS

bordante et hilare, cette gaieté saugrenue qui rapetisse, suivant moi, dans de tels sujets, l’œuvre libre de Rowlandson, a disparu et le contraire s’atteste. La douleur s’affirme dans leurs albums.

Chez eux, le commerce charnel semble briser le système nerveux, traverser de points fulgurants les membres hérissés, tendus jusqu’à se rompre ; il torture les couples, leur crispe les poings, leur retourne, ainsi qu’un courant électrique, les jambes qui se rétractent avec des pieds dont les doigts se tordent.

Leurs femmes, à chairs indolentes, blanches comme des emphysèmes, agonisent, à la renverse, les yeux clos, les dents serrées dans du sang de lèvres ; le ventre, affreusement fendu, bâille, sous une houppette, de même qu’une plaie à caroncules ; leurs hommes râlent prostrés, arborent d’inconcevables phallus, aux cimes en parasols, aux tubes gonflés et sillés de veines. Enchevêtrés, dans d’impossibles poses, tous gisent, semblables à des cadavres dont de puissantes estrapades ont brisé les os.

La plus belle estampe que je connaisse, dans ce genre, est effroyable. C’est une Japonaise