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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/98

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CERTAINS

la panse au frais, tenant la vasque rabattue d’une culotte à pont ; il s’esclaffe jusqu’aux larmes, exubère et s’étrangle, tandis qu’un essaim de mignonnes créatures s’élance sur sa prodigieuse nudité qui se dresse ainsi qu’un phare dont la base plonge dans d’épais taillis.

Et elles sont inouïes, ces nymphomanes naines ! Jamais, jusqu’alors, on n’avait rendu avec un tel sens de la chair chaude, avec une telle fougue, cette folie de chattes en rut ! Crispées, elles s’accrochent à pleins poings aux touffes, font l’ascension du mât, contournent les besaces, se hissent les unes sur les autres, se dévorent entre elles et se culbutent en de mourantes grappes. Tout cela enlevé d’un dessin vivace et foncier, forant et sûr. Puis, dans ses planches, le Lingam arbore les formes les plus imprévues, les plus étranges. Au repos, comme dans le frontispice du « Dictionnaire érotique, » de Delvau, il simule un papillon à face humaine : le nez dessiné par la tige molle, les yeux situés en haut, sous la toison, les joues imitées par les deux bourses. Au travail, comme dans l’eau-forte du Vidame, il se mue en figurine, le frein se sculpte en nez et en bouche, le sommet devient