Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/148

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au plus, peut-elle tolérer que l’instrument donne l’intonation et accompagne, en sourdine, juste assez, s’il est besoin, pour maintenir la ligne tracée des voix ; est-ce ainsi qu’on l’admet dans les églises ?

— Oui, je sais bien, répondit Durtal. Quand je l’écoute à Saint-Sulpice, à Saint-Séverin, à Notre-Dame des Victoires, je n’ignore pas qu’elle est sophistiquée, mais avouez qu’elle est encore superbe ainsi ! Je ne défends pas la supercherie, l’adjonction des fioritures, la fausseté des césures musicales, l’accompagnement délictueux, le ton de concert profane qu’on lui inflige à Saint-Sulpice, mais que voulez-vous que je fasse ? à défaut de l’original, je dois bien me contenter d’une copie plus ou moins vile et, je le répète, même exécutée de la sorte, cette musique est encore si admirable qu’elle m’enchante !

— Mais, fit tranquillement l’abbé, rien ne vous oblige à écouter du faux plain-chant, alors que vous pouvez en entendre du vrai ; car, ne vous déplaise, à Paris même, il existe une chapelle où il est intact et servi d’après les règles dont j’ai parlé.

— Tiens ! et où ça ?

— Chez les Bénédictines du Saint-Sacrement, rue Monsieur.

— Et tout le monde peut s’introduire dans ce couvent et assister aux offices ?

— Tout le monde, — pendant la semaine, on y chante les Vêpres à trois heures, tous les jours, et la grand’messe se célèbre, le dimanche, à neuf heures.

Ah ! si j’avais connu cette chapelle plus tôt, s’écria Durtal, la première fois qu’il en sortit.