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Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/241

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tement jusqu’au seuil, offrit encore à Durtal l’eau bénite et, toujours sans desserrer les lèvres et le tenant par la main, il le ramena d’où ils étaient venus, à l’auditoire.

Là, il s’enquit de la santé de l’abbé Gévresin, saisit la valise et ils montèrent dans un immense escalier menaçant ruine. En haut de cet escalier qui n’avait qu’un étage, s’étendait, troué d’une large fenêtre au centre, un vaste palier, borné, à chacune de ses extrémités, par une porte.

Le P. Étienne pénétra dans celle de droite, franchit un spacieux vestibule, introduisit Durtal dans une chambre qu’une étiquette, imprimée en gros caractères, plaçait sous le vocable de saint Benoît, et dit :

— Je suis confus, Monsieur, de ne pouvoir mettre à votre disposition que ce logement peu confortable.

— Mais il est très bien, s’écria Durtal. — Et la vue est charmante, reprit-il, en s’approchant de la fenêtre.

— Vous serez au moins en bon air, dit le moine, qui ouvrit la croisée.

Au-dessous s’étalait ce verger que Durtal avait traversé, sous la conduite du frère concierge, un clos plein de pommiers rabougris et perclus, argentés par des lichens et dorés par des mousses ; puis au dehors du monastère, par-dessus les murs, grimpaient des champs de luzerne coupés par une grande route blanche qui disparaissait à l’horizon dentelé par des feuillages d’arbres.

— Voyez, monsieur, reprit le P. Étienne, ce qui vous manque dans cette cellule et dites-le-moi bien simplement, n’est-ce pas ? Car autrement, vous nous réserveriez à tous deux des regrets, à vous qui n’auriez pas osé