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Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/287

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Les autres, à genoux sur les dalles, priaient, concentrés, ou lisaient leur messe. Durtal distingua le très vieux de quatre-vingt ans, immobile, la face tendue en avant et les yeux clos ; et le jeune, celui dont le regard miséricordieux l’avait secouru près de l’étang, méditait attentivement sur son paroissien l’office. Il devait être âgé de vingt ans, était grand et robuste ; la figure un peu fatiguée était tout à la fois mâle et tendre, avec ses traits émaciés et sa barbe blonde qui rebroussait sur la robe, en pointe.

Durtal s’abandonna dans cette chapelle où chacun mettait un peu du sien pour l’adjuver et, songeant à la confession qu’il allait faire, il supplia le Seigneur de le soutenir, il l’implora pour que le moine voulût bien le déplier.

Et il se sentit moins apeuré, plus maître de soi, plus ferme. Il se collationnait et se groupait, éprouvait une douloureuse confusion, mais il n’avait plus ce découragement qui l’avait abattu, la veille. Il se remontait avec cette idée qu’il ne se délaissait pas, qu’il s’aidait de toutes ses forces, qu’il ne pouvait, dans tous les cas, se rassembler mieux.

Il fut distrait de ces réflexions par le départ du vieux trappiste qui avait fini d’offrir le sacrifice, et par l’entrée du prieur qui monta entre deux pères blancs dans la rotonde, au maître-autel, pour dire la messe.

Durtal s’absorba dans son eucologe, mais après que le prêtre eut consommé les Espèces, il cessa de lire, car tous se levaient et il béa, confondu, devant un spectacle dont il ne se doutait même pas, une communion de moines.