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Page:Huysmans - La Bièvre et Saint-Séverin.djvu/70

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LE QUARTIER SAINT-SÉVERIN

riture est simple, mais elle est résolument saine ; deux sous de bouillon, quatre sous de bœuf, les dix centimes de pain que l’on a apportés, pour quarante centimes, l’on mange. Les gens riches et les gourmets peuvent, pour six sous, se réconforter avec du vrai rosbif. Ce n’est plus en effet, le torchon mol et rose, la carne détrempée dans de l’eau de Seine et séchée sur la tôle d’un four des grands bouillons, c’est de la viande juteuse et qui saigne, de la viande aux sucs rouges.

Les pauvres diables auprès desquels je m’attablais, au temps où je scrutais ce quartier dans tous ses coins, étaient bons enfants et serviables. Ils étaient, pour la plupart, des ouvriers abêtis par de durs métiers, des manœuvres vieillis par les chômages. Ils valaient certainement