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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/139

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simple azyme, répondit Lydwine. Si cette hostie avait été consacrée, je l’aurais avalée sans la moindre difficulté, mais celle-là ne l’est pas ; toute ma nature s’oppose à ce que je la consomme et, bon gré, mal gré, il faut que je la rende.

Le curé blêmit, mais il paya d’audace, jura que le Rédempteur était bien célé sous ces Apparences et, pour en imposer aux assistants, il voulut retransférer solennellement l’hostie dans son église.

À la suite de cette aventure, Lydwine vécut navrée. Où était donc alors le docte et le pieux Jan Pot ? avait-il quitté Schiedam, à la suite de démêlés avec ce curé ; occupait-il un poste d’aumônier ou de vicaire dans une autre ville ; était-il mort ? les biographes se taisent. — Toujours est-il que ce prêtre, qui eût pu adjuver la malade et même la communier, n’était pas là. — Il avait servi de passerelle entre la sainte et Dieu, sa mission était sans doute terminée et, s’il était encore de ce monde, le Seigneur l’employait probablement à d’autres besognes ; — mais la pauvre Lydwine, dénuée de son assistance, pleura nuit et jour. Elle se retenait pour ne pas sombrer dans le désespoir quand subitement Jésus intervint.

Un jour que, ruminant ses infortunes, elle gémissait, accablée, sur son lit, un ange parut et lui dit :

— Ne pleurez plus, ma sœur, vous allez être consolée de vos peines ; le Bien-aimé est proche, vous le verrez de vos propres yeux.

Elle crut de son devoir de prévenir Dom André, afin qu’il n’imputât point à une menée démoniale la