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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/157

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pliqua Lydwine ; je vous ai bien souvent insinué que mes peines n’étaient que la contre-partie de mes joies ; si vous n’avez pas mieux deviné le sens de mes allusions, c’est sans doute parce que Dieu désirait qu’il en fût ainsi.

Il s’exclama : vos paroles ont été pour moi comme des roses que l’on offrirait à un porc !

Et il était de bonne foi, en se traitant ainsi, car cette odeur qui fluait des doigts de la malade agissait non seulement sur son odorat et sur son goût, mais encore elle pénétrait jusqu’au fond de sa conscience et en faisait jaillir le remords d’affreux péchés. Il n’y tint plus et il soupira, en fondant en larmes :

— Écoutez-moi, je sens que le Seigneur m’ordonne de me confier à vous ; j’ai commis des turpitudes sans nom, des fautes horribles.

Il se jeta à genoux, mais pris de vergogne, effaré par l’immondice de désolants aveux, il n’osa se traîner jusqu’au bout de ses accusations et se tut.

D’abord interdite par cette scène, Lydwine avait vite discerné qu’elle seule pouvait avoir assez d’influence sur ce malheureux pour le racheter ; elle vint donc à son aide, lui fractura l’âme et en sortit un péché qu’il célait.

— Voyons, fit-elle, ce péché d’adultère vous le commettez fréquemment ?

Tremblant de honte, il nia, jura que non.

La sainte parut le croire et n’insista pas.

Il partit, gêné par son mensonge et revint.

— Pourquoi, lui dit-elle, brusquement, m’avez--