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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/210

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retiré, il bénit le Seigneur et jura bien qu’il était à jamais guéri de cette démence.

Et Brugman ajoute, un peu effaré par la manière dont Lydwine trancha cette situation, la réflexion chère aux catholiques qu’un rien ébroue : « C’est là une de ces actions que l’on doit admirer mais qu’il faut surtout ne pas imiter. »

Si elle était d’audacieux avis et de hardi conseil, elle était aussi singulièrement humble lorsqu’elle était contrainte de résoudre des problèmes qu’elle ne pouvait connaître. Dieu lui donnait alors la science infuse, l’éclairait de telle sorte qu’elle stupéfiait les théologiens acharnés à la confondre.

L’un d’eux en fit l’essai ; c’était un dominicain, professeur de théologie à Utrecht ; il s’arrêta à Schiedam et, après quelques feintes, il dit nettement à Lydwine :

— Je veux que vous m’expliquiez la façon dont les Trois Personnes ont opéré dans le sein de la Vierge Marie l’Incarnation du Verbe.

Surprise, elle se récusa ; mais le dominicain le prit de haut et, d’un ton de commandement, cria : je vous adjure par le jugement du Dieu vivant de répondre, et tout de suite, à ma demande !

Lydwine, effrayée par cette brutale injonction, pleura ; mais, comme malgré ses larmes, ce religieux insistait d’une voix de plus en plus menaçante, elle s’essuya les yeux et répliqua :

— Mon père, pour vous permettre de bien saisir ma pensée, je dois recourir à une comparaison ; j’imagine un corps solaire d’où sortent trois rayons qui se