Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/265

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qualité, la tare d’une vertu, elle était trop liée aux siens, elle les aimait trop.

Il sied de dire, à sa décharge, que, si avancée qu’elle fût dans les voies du Seigneur, il lui était bien difficile de se rendre compte par elle-même des limites qu’il lui était interdit de franchir ; à l’âme qui le cherche, le point de repère se montre à peine, car il se dissimule sous les subterfuges les plus avantageux, sous les prétextes les plus vraisemblables.

Dieu ne défend pas, en effet, d’aimer les siens, au contraire — ce qu’il défend à ceux sur lesquels il a mis l’épreinte de ses serres, à ceux qu’il désire expulser d’eux-mêmes pour qu’ils ne puissent vivre qu’en Lui, c’est cette incontinence de l’affection humaine qui refoule, en les contrecarrant, ses amoureux desseins ; — mais la pauvre âme qui, sans défiance, s’abandonne à ces excès les rapporte ou croit les rapporter à son Créateur qu’elle entretient constamment de ceux qu’elle aime ; elle le prie pour eux et elle estimerait ne pas remplir son devoir envers Lui et manquer à la charité envers eux si elle n’agissait pas de la sorte. Elle s’imagine en un mot les aimer en Lui et elle les aime autant sinon plus que Lui ; son intention est donc bonne quand elle veut imposer à son maître une association d’amitiés, un partage qui ne tend à rien moins qu’à le bannir de ses propres domaines.

Il y a là une erreur que suscite l’Esprit de Malice car, ainsi que l’exprime, en des termes définitifs, dans son Traité de la vie spirituelle et de l’oraison, Madame l’abbesse de sainte Cécile de So-