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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/268

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Seigneur, mais elle n’avait pas faibli tant qu’il s’était agi de réconforter sa nièce ; elle avait refoulé ses larmes et adouci, par son apparente fermeté, les derniers moments de la petite ; mais lorsque celle-ci fut inhumée, sa vaillance tomba ; elle succomba à la douleur et ne cessa de pleurer ; et, au lieu de s’atténuer avec le temps, son chagrin s’aggrava ; elle le cultiva, le nourrit de ses regrets sans cesse présents, se submergea en lui de telle sorte que Jésus, délaissé, se fâcha.

Il ne lui adressa aucun reproche, mais il s’éloigna.

Alors, ce fut ainsi qu’à ses débuts dans la vie purgative, l’angoisse de l’âme prisonnière dans les ténèbres ; rien, pas même le pas furtif du geôlier qui rôde dans les alentours, mais un silence absolu dans une nuit noire.

Ce fut l’in-pace de l’âme, enchaînée dans un corps perclus ; forcément, dans cette solitude, elle dut se replier sur elle-même et se chercher ; mais elle ne trouva plus en elle que des ruines d’allégresse, que des décombres déshabitées de joie ; une tempête avait tout jeté bas ; elle ne put devant ces débris de ses aîtres que se susciter l’amer souvenir du temps où l’Époux daignait les visiter ; et ce qu’elle était heureuse alors de servir son Hôte, de s’empresser autour de Lui et comme il payait, au centuple, ses pauvres soins ! ah ! ce logis que les anges l’aidaient à préparer pour accueillir le Bien-aimé, il en subsistait quoi, maintenant ? il avait suffi d’un instant d’inadvertance, d’une minute d’oubli pour que tout croulât !