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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/286

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blessures faites par les Picards ; elles couraient comme trois fils de pourpre, sur la neige des chairs.

Tous étaient, devant ce spectacle, béants et ils odoraient, sans pouvoir se lasser, une senteur inanalysable, si roborative, si fortifiante, qu’ils n’éprouvèrent, pendant deux jours et trois nuits, aucun besoin de sommeil et de nutriment.

Mais bientôt ce fut une foison de visites ; dès que le bruit se fut confirmé que la sainte était morte, non seulement les habitants de Schiedam, mais encore ceux de Rotterdam, de Delft, de Leyde, de Brielle, défilèrent dans la pauvre chambre.

A Kempis évalue à plusieurs milliers le nombre des pèlerins et, avec Gerlac et Brugman il narre qu’une femme de mauvaise vie ayant effleuré avec son chapelet le cou de la morte, l’on constata, après son départ, que les grains du chapelet s’étaient marqués, ainsi que des gouttes de poix, sur la peau, en noir ; pareil fait s’était produit, de son vivant, ajoutent les biographes, car lorsque ses doigts touchaient une main impure, ils se couvraient aussitôt de macules. Walter défendit alors aux visiteurs de frôler avec des objets de piété ou des linges la dépouille de la bienheureuse.

Il avait hâte d’ailleurs, pour satisfaire aux vœux de Lydwine, d’inhumer son corps, mais les magistrats de Schiedam s’y opposèrent. « L’on n’osait enterrer le cadavre, dit Michel d’Esne, d’autant que le comte de Hollande avait dit de le venir voir. »

N’est-il pas à observer, à ce propos, que tous les