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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/331

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et en briques, la porte à pentures, les fenêtres résiliées de plomb, les groupes des filles qui entourent l’enfant tombée dans la neige, les hommes qui ont froid et flânent, distraits, sans croire à la gravité de l’accident, tandis que, sur la droite, un vieux balayeur sort du cadre, aux cris d’une fillette, affolée par la peur, est expertement agencé et alertement peint ; c’est une œuvre moyenne, et observée. Je ne puis cependant me convaincre que la petite Lydwine avait ce nez allongé sous des yeux à fleur de tête et cette bouche commune. Logiquement elle eût dû apparaître, dans ces ouvrages, horrible, car elle était déjà maigre et laide lorsqu’elle se brisa une côte ; mais étant donné que l’artiste n’a pas, avec raison, je pense, tenu compte de la vérité historique en cette œuvre — car il aurait fallu du génie pour dégager la splendeur de l’âme de son cercueil de chairs ! — j’aurais voulu alors qu’il imaginât une Lydwine et plus éclairée et plus fine.

Elle fut jolie, belle de corps, d’une taille élégante et sa voix était douce et sonore ; c’est à peu près tout ce que nous apprennent ses monographes ; c’est court, mais enfin, ils s’entendent pourtant à la faire plus accorte, plus distinguée surtout que ne la conçut le peintre.

Vraiment, je crois bien que, personnellement, je la vis, un dimanche, parmi les orphelines que les sœurs dominicaines conduisaient, dans cette église même, à la messe ; elle était agenouillée, tendue vers l’autel, égrenant son chapelet ; elle avait de grands