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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/341

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Elle vit, on le voit, à Schiedam où les catholiques la vénèrent et où il sied de dire, pour être juste, que les réformés ne lui sont nullement hostiles ; elle compte des amis à Harlem, mais plus loin, son souvenir s’efface.

Voilà déjà près de douze jours que nous habitons la minime cité et, en sus de son aspect extérieur, nous commençons à connaître ses antécédents et à pénétrer dans sa vie intime.

Schiedam ne fut jamais une grande ville, mais elle fut jadis un bourg prospère. Maintenant, elle décline ; les anciennes familles riches sont parties ; son industrie particulière, celle du genièvre, du schiedam qui lui emprunte son titre, est bien déchue, depuis que des villes telles qu’Anvers se sont décidées, elles aussi, à fabriquer les eaux-de-vie de grains. Elle possédait autrefois trois cents distilleries et l’on en compte à peine, à l’heure actuelle, cent vingt. Où sont les bateaux qui arrivaient naguères de Norwège avec leurs cargaisons de grains bleus ? Je n’en ai découvert aucun et je doute un peu que le fruit du genévrier entre désormais dans la confection de cette magnanime liqueur. Elle semble préparée, ainsi que le wiskey d’Irlande et le gin d’Écosse, avec le blé, le maïs et l’orge ; et c’est, par toutes les rues, près des canaux, non l’odeur un peu d’allumette des vrais genièvres, mais la senteur de la farine de lin chaude, de la drèche, des résidas en bouillie de l’orge. On les évacue à la sortie des usines, dans des citernes, le long des quais et, là, des hommes les pompent et les déversent