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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/87

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parut mieux réussir, bien qu’en fin de compte, il se soit borné à changer, en l’aggravant, la nature du mal. Il lui fit appliquer sur ses foyers purulents des compresses imbibées d’une mixture qu’il préparait, en distillant certaines plantes cueillies dans les forêts par les temps secs, au point du jour, lorsqu’elles sont encore couvertes de rosée. Cette mixture, mélangée à une décoction de centaurée ou de mille-fleurs, sécha peu à peu les ulcères. Ce médecin était un brave homme car, pour être sûr qu’elle ne serait pas privée, s’il mourait avant elle, de son remède, il avait chargé son gendre, un apothicaire du nom de Nicolas Reiner, de lui expédier, après son décès, toutes les fioles dont elle aurait besoin pour fermer ses plaies.

Mais le moment arriva où tous ces palliatifs furent définitivement infidèles, car le corps entier de la malheureuse fut à vif ; en outre de ses ulcères dans lesquels vermillaient des colonies de parasites qu’on alimentait sans les détruire, une tumeur apparut sur l’épaule qui se putréfia ; puis ce fut le mal redouté du Moyen Âge, le feu sacré ou le mal des ardents qui entreprit le bras droit et en consuma les chairs jusqu’aux os ; les nerfs se tordirent et éclatèrent, sauf un qui retint le bras et l’empêcha de se détacher du tronc ; il fut dès lors impossible à Lydwine de se tourner de ce côté et il ne lui resta de libre que le bras gauche pour soulever sa tête qui pourrit à son tour. Des névralgies effroyables l’assaillirent qui lui forèrent, ainsi qu’avec un villebrequin, les tempes et lui frappèrent, à coups redoublés de maillet, le crâne ; le front se