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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/110

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et me faire passer de mauvaises nuits. Voilà pourquoi notre tableau ne sera terminé que vers le mois d’avril. Tout ee mal et cette peine ressemblent au mal délicieux des amoureux, ou mieux aux souffrances courageuses et tendres de la maternité. Un succès, un peu de gloire et surtout une conscience à peu près contente : tout est compensé, et on reprend ses chères couleurs.

Voilà encore du galimatias, puisqu’il ne te déplaît pas. Comment peux-tu l’amuser à le lire, deux fois ? Si cela arrivait, je l’écrirais encore plus rarement ; parce que je voudrais t’imiter, ce que je ne sais faire. Tu connais, d’abord, mon amitié exclusive pour toi, mon amour pour la vérité et la justice, et tu devines le reste. Ajoute, retranche ; tu m’entends, cher ami, et cela sutfit. Il n’en est pas de même de tes lettres : elles sont des modèles. Tu y montres toutes les qualités du cœur, de l’esprit, du savoir, du goût le plus pur, du tact le mieux aiguisé et de l’amitié la plus généreuse. Je ne puis assez t’exprimer combien tu me rends heureux par elles ; je veux, en les conservant chèrement, les mettre en recueil et les lire et les relire toujours, avec ma bonne femme qui y est extrêmement sensible. Elles serviront, d’ailleurs, de matériaux à un projet dont nous parlerons plus plus tard.

Que j’ai bien senti et admiré ton raisonnement sur l’avantage que l’on a d’être exclusif, et que je me trouve lier d’y être pour quelque chose ! Comme tu as raison ! Combien il y a peu de gens