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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/138

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Depuis lors, nouvelles considérations ; la place de l’Institut vacante par la perte de ce brave Girodet que j’ai eu le temps de revoir et dont j’ai recueilli les marques les plus vraies de l’affection qu’il avait pour mon talent et pour moi. Je le regrette bien sensiblement. Il avait à son chevet deux dessins de moi, qu’il avait autrefois acquis dans une vente et qui, à la sienne, viennent de se vendre six fois plus. Il en a été de même, d’une petite Chapelle Sixtine exposée au Salon, que j’avais peinte à Florence pour M. de Forbin, au prix de vingt-cinq louis. On lui en a proposé près de sept mille francs. Même fortune d’une petite peinture qu’avait, de son beau-frère, ce pauvre feu Delpech qui a laissé la vie, ces jours derniers ; mais sa désolée veuve n’a pas voulu s’en défaire.

Tu vois, mon cher, qu’il me faut des ateliers et au plus vite. J’ai une grand chapelle à peindre à fresques à Saint-Sulpice, deux grands tableaux de six mille francs chacun, l’un pour la maison du Roi, l’autre pour la cathédrale d’Autun, et puis une quantité de tableaux de chevalet, portraits, etc., et que je ne ferai pas, j’espère, tant que je n’aie autre chose, vu le temps que cela engloutit à obtenir des séances. Si je veux aussi, j’aurai une autre chapelle à Notre-Dame et, par la suite, de grandes salles au Louvre.

Pour revenir à l’Institut, j’ai fait abnégation de moi-même et laissé passer le premier mon ami M. Thé venin. Cette action a été fort bien regardée et me sera, j’espère, comptée et peut-