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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/22

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apprendre, pour son pauvre lot d’écrivain, cette petite école du Carrayrou de Mourancy, à l’entrée de la rue dite aujourd’hui Lasserre.

Tel est le Jean-Dominique Ingres de derrière les fagots, — les fagots dangereux du bûcher de la gloire, — que ses biographes si nombreux ont oublié de nous faire connaître. Peut-être ignorent-ils encore la plus importante portion de cette curieuse correspondance où le maître a raconté la plus sincère vie d’un artiste à ses trois élèves préférés et montalbanais comme lui, Jean Gilibert, Prosper Debia et Armand Cambon. Nous aurons donc l’honneur de les introduire, avec ce livre, dans ces foyers de famille très fermés et d’amitiés très fidèles qui nous ont conservé, d’Ingres, ce qu’il a fait de meilleur en sa longue carrière de maître, tour à tour triomphant et battu, et de lion rugissant d’orgueil sur ses victimes ou de douleur sur ses propres blessures, le peu qui reste d’un grand homme ici-bas, — un paquet de lettres jaunies, où il confesse avec sincérité, comme tout autre homme, sa gloire d’avoir tant œuvré et sa tristesse de n’en laisser que la périssable mémoire.

II

Si, à la manière des Trois Musiciens de Brème rendus célèbres par le conteur allemand, les trois amis de Montauban nous promettent, avec leur correspondance inédite, une monographie d’Ingres dont l’intérêt peut dépasser les pages que MM. Henri Delaborde, Charles Blanc, Jules Momméja et Henry Lapauze ont consacrées au peintre ; il convient, avant d’entendre le maître se raconter lui-même depuis la date de 1818 où commencent ses lettres écrites à Gilibert, de connaître ses premières années de jeunesse par d’autres lettres qui nous en restent et par les souvenirs que ses contemporains nous en ont transmis.

Nous savons qu’à la date de 1792, le jeune Dominique