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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/235

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misère. Idem, Beethoven le sublime, que vous ne eonnaissez pas si vous ne l’avez entendu. Espérons que tout eela sera pour l’autre monde, car l’humanité et la justice se sont envolées depuis longtemps dans le ciel. Le grand homme vit avec sa seule conscience, sans l’espérance d’aucun fruit qui ne mûrit que trop tard.

Tout va on ne peut plus mal dans les arts. Mais je finis par ne pas finir ma lettre.

XXXII
Paris, 12 août 1830.

Mon bien cher, je le donne bien tard signe de vie. C’est malheureux que je sois Ingres, du côté de la plume. Mais le cœur est bon, et, dans ces événements si éminemment glorieux et encore teints du sang le plus pur par le crime le plus exécrable surtout qu’un roi puisse commettre, j’ai senti et pensé souvent, comme toi, de concert avec ma femme en face de ton portrait, et nous avons eu plus d’inquiétude sur ta position à Montauban que tu n’en as eu pour moi, ici. Heureusement, Paris n’est pas une petite ville brutale et fanatique où il se trouve autant de « trestaillons » pour assassiner les honnêtes citoyens, gens que soudoie la plus inepte et coupable autorité. Qu’il vienne ici, ce Gironde !…

Mais laissons ces sortes de gens ; il n’y en a que trop d’assez stupides et méchants qui, aujourd’hui même, voudraient salir et troubler encore