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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/256

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bourg, ambassadeur de France à Rome). Je dois vous dire qu’attendu les pertes de temps qu’entraînent à Rome les nombreux jours fériés, il ne faut pas espérer voir ce travail terminé avant deux ans. Il y avait, au moment de la suspension de ces travaux qui n’ont duré que deux mois environ, cinq copies terminées et trois autres très avancées.

Pour les dessins que vous m’avez chargé de faire exécuter pour votre cabinet particulier, je me suis hâté de choisir les artistes, qui ne sont autres, comme vous le semblez désirer, que ceux chargés déjà d’en faire les copies pour l’École des Beaux-Arts.. Je m’occuperai d’en régler le prix, et j’aurai l’honneur de vous en instruire. Je crois que tout sera de nature à vous satisfaire.

J’aborde enfin, Monsieur le Ministre, la proposition que vous me faites avec tant de bonté en me laissant toute liberté d’y répondre. Après avoir mûrement réfléchi, je n’ai à vous exprimer que le regret que j’éprouve à ne pouvoir me charger des peintures de la Madeleine. Tout en appréciant la beauté de ce travail qui n’effraie nullement mes forces, car je me sens plus jeune que jamais, sans dédaigner la gloire que je pouvais y acquérir comme artiste, je me sens peu de goût à remonter sur le théâtre du monde actuel avec lequel, d’ailleurs, j’ai toujours peu sympathisé et que j’ai quitté, du moment où j’ai demandé mon expatriation à Rome.

Ma position me plaît beaucoup ici ; j’y jouis d’une paix laborieuse, toute vouée à l’art que j’adore ; j’y satisfais au delà de toute expression mes goûts d’artiste que je chéris par-dessus tout. Après avoir surmonté le dégoût du déplacement et l’espèce de maladie du pays, je me suis enfin réacclimaté, je me suis attaché à ma nouvelle position pour le bien que je puis y faire, grâce aux facilités que me donne votre protection et j’y tiens encore davantage depuis que vous m’assurez que