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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/273

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bien trop modeste, mais par d’autres. Vous avez du génie, mon brave ! Ainsi donc, un peu plus de confiance en vos propres forces, et produisez ! Je suis sûr de vous. Allons, mon cher, voilà un bien petit poème ; rendez-le grand par l’excellence de votre musique. Faites en un Cosi fan tutte, qui fasse courir tout Paris et vous mette bien à votre place. Après cela, arrivons à Don Juan. Voilà ce qu’il faut se dire, comme émulation

Je vous désire, mon cher ami, ce beau succès pour lequel vous êtes fait. Quant à moi, je revis après une maladie dangereuse que je viens d’essuyer et une longue convalescence, et certes je ne puis vous dire combien les douceurs de l’amitié de mes chers Flandrin m’ont été précieuses, après les soins de ma femme, ma bien bonne femme, qui vous aime autant que moi. Ces pauvres amis ont été désolés de la fièvre ; mais leur talent va toujours croissant. Nous nous réunissons pour vous embrasser et pour appeler de tous nos vœux l’avenir, par l’espoir de nous voir un jour tous rassemblés à Paris, au foyer amical de vos amis Ingres, là où j’espère nous passerons de beaux et bons moments. En attendant, soyez heureux, cher ami, et croyez-moi votre ami le plus sincère et le plus attaché… (Op. cit.)

J. Ingres.

À M. Gatteaux.

Rome, 22 avril 1837.

……Quoique je travaille beaucoup, je n’ai pu encore finir ma grande miniature historique (la Stratonice). Cependant, j’en entrevois le terme. Cet ouvrage, suscité par quelque mauvais génie, me rend, outre beaucoup de dépenses qu’il m’a coûtées, l’homme le plus malheureux par la longueur du temps que j’y consacre. Mais, comme on dit, l’espérance soutient l’homme jusqu’au tombeau, et je ne désespère pas de faire un ouvrage 4 que l’on pourra louer, et assez neuf…

(Op. cit.)
Ingres.