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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/284

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au prix de 1.000 francs. Restent donc 2.000 francs à remettre au frère de Mme Goutan, décédée. Cet ange de femme, que nous aimions tant, n’a jamais voulu recevoir le reste de la somme due, s’imaginant peut-être que cela me gênait, ou bien parce qu’elle comptait que je lui peindrais quelque chose. J’ignore si elle a prévenu son frère de cette affaire, mais je ne veux pas différer de m’acquitter.

Le croiriez-vous ? Cette excellente amie a encore, pardessus tout, tellement pensé à moi qu’elle m’a légué, comme souvenir, le dessin des Sabines de David. (Op. cit.)

Ingres.

À Monsieur, monsieur Dumont, chef du bureau des beaux-arts et belles-lettres au ministère de l’intérieur, secrétaire perpétuel de l’école des beaux-arts, etc., à Paris.

Rome, ce 2 février 1839.

Excellent ami, il y a bien longtemps que je veux vous écrire pour doublement vous embrasser en vous souhaitant bonne année et tous les bons vœux qui peuvent vous rendre bien heureux. Bonheur à tout ce qui vous touche, et comme collègue secrétaire perpétuel de l’École, de laquelle promotion j’ai ressenti une bien vive joie. L’assentiment général qui l’a accompagnée ne me surprend nullement, mais me fait grand plaisir. Qui, d’ailleurs, y eût pu trouver à dire ? Puis, il est des choses si justes et si bien faites qu’elles doivent toujours, et malgré tout, être faites. J’ai regret seulement de n’en avoir pu être le témoin participant. E viva ! Une seule chose me donnait quelque inquiétude : c’était votre double position. Mais, grâce à Dieu, le Ministère n’a rien perdu ; nous surtout, et moi surtout, mon bien cher !

Car je sens bien que si je suis heureux directeur, c’est en partie à votre appui bienveillant, à votre aimable sollicitude que je le dois ; et tous vos soins me deviennent encore plus chers, si je puis penser qu’ils sont l’expression