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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/287

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bien avertis de bonne heure dans leur propre intérêt par l’Institut et l’Ecole. En attendant, je ne puis que sévir. Vous savez que la fièvre a habité pour trop la villa ; deux ou trois pensionnaires en sont encore atteints et peut-être jusqu’au printemps. De reste, je suis très content d’eux et vous le dis avec vérité ; je n’ai jamais vu l’École si studieuse et si forte de talents. Ils me rendent tous la vie heureuse, ici, et ils sont vraiment tous dignes de toute bienveillance et je les tiens, comme mes enfants.

Comme tout ce qui vous touche m’intéresse, êtes-vous logé à l’École changée en beau palais, n’est-ce pas ? Nous serons donc plus voisins. Vous voyez que je pense cependant aux charmes du retour, et je suis à Rome ! Mais c’est que je ne jouis pas ici de tous mes vrais et bons amis. Permettez-moi de vous embrasser avec ce titre, mon cher et digne ami.

Ingres.

Je vous prie de bien nous rappeler au bon souvenir de Madame, que nous aimons de tout notre cœur et qu’elle veuille bien agréer nos hommages. (Op. cit.)


{d|Rome, ce 11 juillet 1839.|3}}

Mon Cher Gatteaux,

Je vous écris, accablé du plus profond chagrin. Mon pauvre ami, notre pauvre Lefrançois, je ne puis vous l’apprendre que les larmes aux yeux, n’est plus ! Il s’est noyé dans la mer, à Venise, ou son mauvais destin l’avait retenu. Il avait depuis quelque temps l’habitude d’aller se baigner, le matin. Ce jour fatal, arrivé sur la rive et accompagné de deux de ses amis, il les devance, se jette à l’eau et disparaît au même instant. Ses amis, ne le voyant pas nager, se jettent à l’eau sans le trouver, et, une demi-heure après, le flot l’a rejeté mort. Non, mon cher, il ne m’est pas possible de vous dire combien, depuis