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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/296

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que, malgré mes sentiments de torpeur, je ne suis pas encore mort. Quant à mes affaires et à mes petits intérêts d’argent et autres choses, mon ami Gatteaux en a un soin tendre, comme tu le ferais toi-même.

Adieu, mon bien cher, j’aime mieux t’envoyer ce gribouillage que de ne rien t’envoyer du tout. Mille choses au cher Debia, à son frère, à tous les amis d’une patrie à laquelle mon cœur est souvent tendrement attaché. Ah ! combien de fois j’ai formé le projet d’aller y vivre en ermite, auprès de toi !


XXXVI
Rome, samedi 27 avril 1839.

Certes, si j’eusse écouté le plaisir que m’a fait ta bonne lettre, j’y aurais répondu de suite avec effusion de cœur. Je puis te dire que, dès que j’ai reconnu ta lettre, des larmes de tendresse me sont venues aux yeux. Ce sentiment de bonne amitié, ma femme la ressenti comme moi.

Cependant ce retard n’est pas tout entier attribuable à ma paresse. Nous sommes souffrants depuis longtemps, ma femme et moi. Elle est dévorée de la fièvre, depuis six mois ; et moi, malheureusement, j’ai une affection nerveuse qui m’ôte plus ou moins l’usage de ma tête, tant elle tourne. J’ai quelquefois des crises de quelques secondes qui me font croire que le lieu que j’ha-