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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/368

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XLIII
Ingres à Gilibert.
Dampierre, Ier décembre 1842.

Cette admirable petite scène d’une des tables du divin Lafontaine : « Vous m’êtes, cette nuit, un peu triste apparu, est un de ces traits qui m’ont le plus touché. Serait-ce sans trop me flatter, que je me suis toujours senti pour toi cette heureuse sympathie de cœur qui honore les hommes dans leur sincère amitié ? J’ai donc appris avec une vraie peine, partagée par ma femme, que tu avais été dernièrement assez indisposé. Là, malheureusement, l’épée ni la bourse ne peuvent grand’chose, et c’est à cause de cela que je me tourmente.

J’ai reçu ton raisin admirable. Le lendemain de son arrivée, j’avais l’honneur de recevoir, à Dampierre, madame Duchatelet, la plus belle et la meilleure de toutes les nobles femmes. La voyant ainsi, nous prîmes l’ardire de lui olTrir une grappe qu’elle accepta avec vif plaisir, sachant d’où cela venait. Nous la lui vîmes tenir longtemps dans sa main, n’en mangeant presque pas et nous disant qu’elle la gardait pour la faire manger à son mari. Alors, nous prîmes un joli petit panier que nous emplîmes et qu’elle porta au ministre. Elle me l’a amené, dernièrement, pour voir, lui aussi, mon Age d’Or et pour me remercier de l’excellent raisin. Et voilà pour lui.