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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/391

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du tout), ce qui m’attend et le compte, d’après nature, de ma situation.

Mais il est à Dampierre ; il y fait ce qu’il veut, ce qui lui plaît. — D’un côté, oui : j’y ai un peu plus de liberté qu’au portrait de Madame d’Haussonville. Mais à quel prix ! Au travail, depuis huit heures du matin jusqu’à quatre heures du soir, avec ce soucieux acharnement pour une œuvre qui me désole, à la faire belle. Fût-elle au moins telle que le démon de Malherbe, une belle femme en mal d’enfant ? Enfin, je fais ce que toute force humaine peut faire, et je vois du moins l’œuvre avancer.

L’ébauche de l’Age d’Or est faite ; le fond de l’Age de Fer est fait en dessin et on viendra, moi parti, l’exécuter tout comme s’il devait rester ainsi. Sur ce, je mettrai les figures. C’est le siège meurtrier d’une acropole prise • d’assaut, où toutes les horreurs de la guerre seront exprimées.

Et cependant, malgré tous mes dégoûts, le portrait de Madame d’Haussonville a déjà fait fureur d’approbation, d’abord chez M. le duc de Broglie, chez sa famille et ses nombreux amis d’élite. Il a été vu, quatre jours avant mon départ, et le sera jusqu’à mon retour où on le verra verni.

Avant de me mettre tout à fait à mes grandes œuvres, j’ai encore deux portraits de haute volée à terminer : Madame de Rothschild et Madame Moitessier. Enfin, on me persuade ; et la verge de fer qui me fait aller, me dit qu’avec un grand