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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/402

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matériaux, et pars jusqu’à midi. Alors, on veut bien que je jette un petit coup d’œil sur le jour ; puis, à partir de près de deux heures, elle me chasse à la galerie jusqu’au soir à huit heures, sans démarrer. J’arrive pour dîner, harassé de fatigue… Et cependant je l’aime, cette vilaine, et de passion encore ; car, au bout du compte, elle m’aime aussi, et, si je ne le lui rendais bien, elle me menacerait de faiblesse et de caducité dans mes ouvrages, d’abandon et même de mort. Et voilà comment, après bien des efforts et avec le même courage, on ne s’aperçoit pas trop de ses soixante-sept ans bien sonnés… Enfin, je suis en train ; tout va bien, assez bien et assez vite, et si j’emploie les deux mois et demi qui me restent, comme j’ai fait jusqu’ici, je pourrai espérer avoir fini cet Age d’Or l’année prochaine. Dieu m’entende ! (Fonds Delaborde).


À Messieurs Balze.
Paris, ce 12 octobre 1847.

Mes chers amis, encore sous l’impression de vos belles copies, je ne puis me tenir de vous exprimer de nouveau quel est mon entier contentement, quelle est mon admiration pour votre religieux courage. Je félicite bien mon pays de posséder enfin l’émanation la plus parfaite, la plus complète de cet apogée de l’art au Vatican. Que les hommes d’aujourd’hui vous en sachent bon gré, et malheur à l’ignorant audacieux qui osera blasphémer ! Oui, que malheur lui arrive ! car non seulement il sera un âne, mais aussi un méchant. Pour moi, comme Français, comme artiste, le cœur me bondit de plaisir !…

Au revoir, mes bons et chers enfants. Je vous aimais bien, mais depuis hier je vous aime davantage. (Op. cit.)