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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/439

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LXXIV
10 janvier 1855.

Je suis charmé de t’entendre parler musique. Tu parais bien la sentir. Quel art divin et honnête on cultive, avec de la musique honnête ; car la musique aussi a ses mœurs. L’italienne n’en a que de mauvaises. Je n’ai pas à te dire ce que tu sens si bien, avec ton aimable cousin. J’aime qu’un jeune homme aime la musique ; cela ne peut que le rendre plus doux, plus sage et, (selon Plutarque sur ce chapitre), plus capable en toutes choses de s’élever jusques aux plus belles actions. Sans doute, c’est un grand avantage d’entendre ces belles symphonies, pour les bien comprendre ; mais ce qui est si beau est facile à deviner, rien qu’en le déchiffrant bien au piano. On peut en tirer de nobles jouissances. Ces symphonies sont grandes, terribles, mais aussi d’une grâce et d’une sensibilité exquises, — celle en ut surtout. Mais elles sont toutes belles, et les petites se font toujours plus grandes. Le plaisir de les entendre à Paris, vaut le voyage.

Tu trouveras dans mon Musée de bons modèles ; car, bien que la nature soit le meilleur de tous, il faut s’y préparer par l’étude des grands maîtres. M. Combes te mettra la palette à la main, e viva !