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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/450

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naître ces nombreux trésors. Je vous adresse de nouveau mes sincères compliments, sur la manière dont vous avez exécuté tous ces dessins ; elle est vraie, naïve, intelligente et, par cela même, toujours énergique et originale, ce qui en fait une œuvre vraiment admirable. Je ne suis pas étonné, mais bien affligé, de ce que vous avez parfois rencontré des gens qui ne vous ont pas rendu la justice que vous méritez, comme artiste et comme archéologue, pour une œuvre qui peut devenir une gloire pour vous et pour votre pays. Du reste, c’est malheureusement le sort de beaucoup de vrais et dignes artistes qui, comme vous, Monsieur, ont sacrifié une partie de leur vie pour marcher absolument dans une voie de conscience et de conviction. Mais j’aime à penser que l’on vous rendra enfin justice et que vos travaux persévérants seront appréciés et placés au rang qui leur est dû. Quant à moi, Monsieur, je me ferai toujours un devoir et un plaisir de reconnaître votre grand talent, dans toutes les occasions qui me seront offertes d’en rendre témoignage.

Veuillez agréer, etc

J. Ingres.

À M. Reiset.
7 avril 1860.

Cher Monsieur, si je n’eusse été lié par mon engagement avec vous de donner au prince (Napoléon ) mon portrait, je n’aurais pu le tenir au moment de me séparer de ce cher portrait qui ne fait plus partie de la famille. Le sacrifice est grand, je l’avoue, pour la paisible émotion dont je suis encore saisi.

Il n’y a que le prince qui m’honore d’une si haute estime [1], pour lequel je puisse donner pareille preuve

  1. Le prince Jérôme Bonaparte dont il est ici question, à propos du Bain Turc qu’il avait commandé à Ingres et qu’il n’avait pu conserver, avait, à la suite de l’Exposition Univer-