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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/487

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de cette nuit harmonieuse n’est plus sorti de la mémoire de celui qui avait ainsi entendu un paysan interprété par un maître.

Dans ces salles silencieuses du petit Musée de Montauban, aux images si recueillies et à leurs conversations si aimables, quel virtuose de la critique sage et des justes hommages fera chanter à nos oreilles attentives le violon depuis trop longtemps endormi de M. Ingres ?

Lui-même encore. Écoutez-le vous faire part, avec l’aveu de ses registres intimes, d’un siècle presque de réflexions et de lectures sur les arts et les hommes qu’Ingres connut et dessina si bien.

II
Un Journal inédit de J.-A.-D. Ingres [1]

L’homme le plus heureux est celui qui unit, aux jouissances rapides des sens, les douceurs et les charmes de l’étude : elle est la source la plus assurée contre l’ennui, ce mal indéfinissable et fatal à l’homme. Elle fait nos délassements et notre consolation. Il n’est rien de si fâcheux qu’elle n’adoucisse. Elle orne l’esprit de vérités, élève l’âme, apprend à faire connaître les hommes : elle nous rend plus humains, plus généreux, plus éclairés sur nos devoirs et plus agréables à la société.

  1. Les manuscrits d’où sont extraites ces pages appartiennent au Musée de la ville de Montauban. M. Henri Delaborde, à qui ces documents turent communiqués, après la mort du maître, n’en reproduisit que des fragments dans son livre : Ingres, sa vie, ses travaux, sa doctrine. En 1897, pendant que je dirigeais, avec M. Eugène Müntz, la Revue de l’Œuvre d’Art, je fus invité, par l’honorable directeur de la Bibliothèque des Beaux-Arts, à publier dans notre propre Revue quelques extraits de ces manuscrits d’Ingres, pour compléter ceux que M. Henri Delaborde avait déjà fait connaître. Je les reproduis ici pour terminer ce volume. (B. d’A.)