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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/51

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respondre à tes sentiments, je ne peux rien te céder et suis et serai, toute ma vie, ton vrai ami, ton frère.

Voici des nouvelles de Bartolini et je crois que, d’après elles, toute espèce de doute doit s’évanouir sur son compte. Il ne s’agit donc plus de mauvaises raisons ; il faut que tu viennes au plus vite nous trouver à Florence et compléter le triumvirat d’amitié. Nous ferons assaut, alors, à qui mieux te traitera ; trop heureux, mon cher ami, de pouvoir a notre tour te prouver comme véritablement nous t’aimons. Mets donc six chemises dans ta malle, le reste à l’avenant, retiens ta place et arrive.

Après treize ans d’esclavage, sans jamais en être sorti que pour aller passer trois mois à Naples, je vais à Florence le dernier jour de ce mois de juin. Juge de mon plaisir d’y revoir notre ami que j’aime encore plus, depuis qu’il te prouve si bien sa constante amitié pour toi. Il faudrait être, d’ailleurs, bien dénaturé pour ne pas sentir tout ce que nous devons à ton amitié généreuse et fraternelle. Ne nous oie pas l’occasion de te prouver que nous y sommes sensibles. Mais, après avoir prié, j’ordonne et ordonnons que tu te mettes en route, de suite et sans réplique. Tu n’auras à penser à rien qu’à jouir du plus beau pays de la terre, avec tes meilleurs amis : pays riche plus qu’aucun en objets d’art, bibliothèques, cabinets en tous genres. Je m’y rends moi-même, à la fin de ce mois, pour l’adopter si j’y ai les mêmes res-