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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/69

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jeune artiste, qui est un maître, les gêne toujours beaucoup. Tu m’entends. Je laisse donc à tes soins d’ami de voir, puisque c’est le Ministre qui paie d’ailleurs, ce que mes compatriotes pourraient faire pour faire monter le prix au moins à cinq mille. Tout le monde ici croit que cela se pratique toujours ainsi. Je dois dire même que, si la grandeur du tableau passait dix pieds environ, je me verrais forcé d’en appeler au Ministre, parce que mes moyens et mon temps ne me permettent nullement de faire des sacrifices. C’est bien, au contraire, aux autres d’en faire pour moi.

Mais je prêche à un converti et je m’abandonne entièrement à ta prudence, bien persuadé en ceci qu’on est bien heureux de pouvoir remettre ses intérêts dans de si chères mains. J’ai dû parler ainsi à un ami, tel que tu l’es pour moi ; je dois espérer que tu entreras dans mes raisons, sans me croire un homme intéressé. Certes, ce serait la première fois de ma vie.

Adieu donc, mon très cher et je puis dire mon premier et unique ami ! Donne-moi de tes chères nouvelles qui me rendent si heureux. Cette circonstance me les doit assurer encore plus vite. J’ai tends, pour t’envoyer de mes ouvrages, que tu nous affirmes impitoyablement que tu ne veux pas venir, ce qui nous donnera un véritable chagrin. Si tu viens pour notre bonheur, tu les trouveras ici ; ils t’attendent. Avec toute notre tendresse et notre inaltérable amitié, je t’embrasse. Rappelle-moi, je te prie, malgré tout, au souvenir de ton bon père