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Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/311

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— Heureusement, on a le temps de dormir dans ce souterrain.

— Parbleu ! C’est une proposition géniale… Dormir, et rêver qu’on va bientôt prendre la clef des champs avec une sacoche de trusteur.

Ils branlaient la tête, leurs corps obéissaient à un balancement involontaire. Les drôles étaient, selon toute apparence, abominablement ivres.

Puis, leurs mouvements diminuèrent d’amplitude. Peu à peu ils se figèrent en une inquiétante immobilité.

On eût cru assister à la pétrification d’êtres animés. Leurs traits se durcissaient avant de se figer. Leurs regards vacillants devinrent fixes…, et en même temps les couleurs de leurs faces se décomposaient, remplacées par une teinte violacée.

Strig et Clock sont endormis. Ils demeurent assis dans une altitude raide, les mains crispées sur le cube de pierre servant de table.

Mais que fait donc le Chinois ?

Il compte à mi-voix de un à cent. À ce dernier nombre, il s’arrête et murmure :

— C’est fait !

Il se lève, va vers les dormeurs, prend leurs poignets…, tâte le pouls. Quelques secondes, il demeure ainsi. Et son sourire s’accentue

— Eh ! eh ! ricane-t-il, une économie de six cent mille francs…, et leur discrétion assurée.

Il hoche la tête à la façon des « magots » de porcelaine de son pays, seulement l’oscillation burlesque prend chez lui une apparence terrifiante.

— Le cyanure de potassium bien dosé est un allié fidèle.

Le cyanure de potassium, l’acide prussique, comme on le nomme communément. Il semble que ce vocable chimique fait passer un gémissement dans l’obscurité des galeries adjacentes.

La flamme de la bougie qui éclaire la scène, tremblote. Est-ce le souffle de la mort qui parcourt les galeries de l’exploitation abandonnée ?

Cela peut être. Les paroles de Kan-So sont claires. Il a supprimé ses complices.

Maintenant, il rit silencieusement, sa face safranée se plissant ainsi que le mufle d’un animal sauvage, ses yeux bridés se fermant presque sous l’empire de cette formidable et sinistre hilarité.

Il s’approche du monceau de métal précieux voilé par les enveloppes de toile. Ses mains, longues et