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Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/425

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reconnaissant Linérès au milieu de leurs adversaires, les lads voulurent la leur arracher.

Le bruit de la lutte attira des peones que Frey Jemkins, toujours prudent, avait disséminés dans le parc.

Résultat : fuite des combattants menacés d’un feu de salve, auquel ils n’eussent pu répondre, des armes n’ayant point paru utiles dans une expédition toute de ruse et d’adresse.

Les vainqueurs capturèrent donc les jeunes filles privées de leurs défenseurs, et, incapables de prendre une décision, ils les amenèrent devant le milliardaire, afin que celui-ci fit connaître la résolution à laquelle il s’arrêterait.

Maintenant, Jud, protégeant Lilian de son corps, s’offrait, désespérément héroïque, aux coups de ses ennemis. Pour toute arme, il n’avait qu’une navaja.

Au cri déchirant de Lilian, à la courageuse intervention d’El Dieblo, un éclat de rire sinistre répondit. Jemkins raillait :

— Allons, Satan est avec nous, garçons ! J’aurais été heureux de prendre ce Jud Allan, mais les circonstances ne s’y prêtent pas, accordons-lui le trépas honorable par la fusillade.

Puis, braquant un revolver sur le Jeune homme :

— La joie peut faire trembler ma main ; garçons, je vous autorise à abattre cette cible vivante.

Vingt fusils menacent la poitrine d’Allan. Il va tomber, entraînant Lilian dans la mort, car la pauvre enfant ne sera pas épargnée par la nappe de balles qui va s’abattre. Jemkins vise lentement.

Alors, l’inattendu entre en scène, sous la forme de la vieille Indienne Marahi. Le cacique des Mayos se dresse devant le milliardaire. Toute sa maigre personne frémit. Ses bras étendus semblent semer l’anathème.

Et d’une voix rauque, extrahumaine, qui fait passer sur tous un souffle d’épouvante :

— Arrête, Jemkins !

L’intonation est si dominatrice, il se dégage de l’Indienne une telle autorité que les carabines des peones s’abaissent.

Mais Frey ne veut pas qu’on lui arrache ses victimes.

— Écarte-toi, vieille folle, ou sans cela…

— Tu me tueras, n’est-ce pas ?… La première balle pour moi…

— C’est cela même.