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Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/430

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— Ils sont là, se confia-t-elle.

Suzan se dirigea vers l’endroit où tremblotait la lueur aperçue.

Les temples aztecs n’ont rien des dimensions colossales des monuments élevés à la gloire de la divinité chez les autres peuples.

Ce sont des fouissements de carrières, presque des terriers, dont le ciel bas porte sur des piliers trapus.

Le couloir d’où filtrait la lumière était en arrière d’une colonne de soutènement, laquelle formait écran.

Il suffit à Suzan de la contourner pour distinguer l’ouverture se découpant rougeâtre dans la paroi du temple. Et semblant portée par les rayons lumineux, une voix parvint à son oreille.

C’était Jud Allan qui parlait. Et dans ce silence de la nuit souterraine, son accent tintait ainsi qu’une lamentation jaillie de la tombe.

— Jud Allan, l’enfant sans famille, le vagabond, n’eût point voulu accepter votre main, Lilian. Mais là encore, dans le sacrifice, gisait une douceur. Vous fuyant, Jud restait digne de votre estime… Mais à présent… Oh ! à présent ! N’est-il pas marqué au front ?

Des sanglots répondirent. Suzan distingua le timbre argentin de Lilian :

— Je ne connais que Jud Allan qui m’a consacré sa vie…

Et puis l’organe du professeur de West-Point, lançant ce cri désespéré :

— Oh ! Marahi !… Pourquoi avoir parlé ?… La mort valait mieux.

Quelle tristesse, inconnue de Suzan, courbait tous ces êtres ?

Cela devait être atroce ; elle n’avait donc pas le droit de surprendre le mystère angoissant. D’un effort surhumain, elle secoua l’émotion qui la paralysait, et, d’une voix perçante, pressée, disant sa crainte d’entendre un mot qui trahit le secret du chef bien-aimé des lads, elle clama :

— Roi, roi, Suzan apporte une communication urgente.

S’appuyant aux murs, elle parvint dans la chambre où figés en des attitudes de statues, Jud, Lilian, le front caché sur l’épaule de Mme Pariset, Chazelet, Linérès et Grace Paterson, livides, l’Indienne Marahi, adossée au rocher, comme si elle ne pouvait plus se soutenir, lui apparurent.