Aller au contenu

Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Armencita sont préparés par une volonté unique, nous nous trouvons en face du plus prodigieux criminel que la terre ait jamais porté. De quelles ressources, de quelles complicités cet homme doit disposer !… Les procédés supposeraient une fortune énorme, une armée d’affiliés…

Plus bas encore, l’Américain lui glissa à l’oreille :

— Le nom que j’ai confié à votre honneur, sur l’autorisation de M. le président des États-Unis, ce nom que connaissent trois hommes dont aucun ne trahira le secret, M. Loosevelt, vous et moi… ce nom correspondrait assez bien au signalement que vous donniez à l’instant.

— Sans doute ! Sans doute ! Mais comment croire qu’un membre du Sénat américain, l’un des plus riches citoyens de San-Francisco, soit un chef de bandits.

— C’est ce qu’il s’agit de démontrer, mon cher monsieur… C. Q. F. D. Je vous en ai averti dès notre première rencontre.

— Eh ! vous êtes peut-être droit, pour vous emprunter une locution américaine… Seulement, je me débats dans l’incompréhensible. Le besoin seul explique le crime… Et puis, on ne devient pas bandit tout d’un coup, surtout quand on brasse des millions sans avoir rien à redouter des lois.

Allan opinait de la tête.

— Comme vous, j’ignore le but… Mais je suis sûr que le but existe… Qu’il soit seulement obligé de se montrer pour emmener la señorita Linérès en Amérique… et un terrible duel s’engagera entre nous.

— Un duel à mort, fit M. Lerenaud d’un ton grave.

Son interlocuteur eut un sourire mélancolique.

— J’ai fait le sacrifice de ma vie.

À ce moment, un laquais apparut sur le seuil.

— Doña de Armencita et la señorita croient être assez fortes pour supporter l’entretien que désire Monsieur le chef de la Sûreté.

L’attitude du policier se transforma aussitôt ; une flamme joyeuse passa dons ses yeux, décelant toute la pénétration, toute la finesse d’esprit qu’il voilait à l’ordinaire sous un air endormi. L’homme de la lutte se montrait.

— Veuillez demander à ces dames si elles auront le courage de me joindre ici… En passant, priez, donc la personne qui attend au salon de venir près de nous.