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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/101

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LE VOLEUR DE PENSÉE.

parlé trop net pour ne pas être sincère. Je réponds par un remerciement, et aussi, je crois, par une marque de confiance.

Il rapprocha le verre de ses lèvres.

— De confiance, répéta-t-il. Non, je me trompe. Vous l’avez exprimé justement. Dans ma position, la mort même est une amélioration.

D’un trait, il vida le contenu du récipient de verre.

— Pouah ! c’est détestable.

Mais, haussant les épaules :

— Bah ! qu’est-ce qu’une impression désagréable de plus ?

Et sans se presser, il rinça soigneusement le verre, gagna sa couchette de prisonnier, s’étendit sur la mince paillasse, que supportait un châlit de fer, analogue à ceux utilisés pour les lits militaires, et ferma les yeux.

Un instant ses lèvres remuèrent.

Dans un souffle bruirent ces deux mots, très doux :

— Adieu, Édith !

Puis il demeura immobile, une pâleur envahissant peu à peu ses joues, décolorant ses lèvres, étendant à la surface de ses mains, allongées sur le drap, un ton de cire.

Sa respiration se ralentit, s’affaiblit, devint imperceptible, s’arrêta enfin.

Dans le silence de la geôle, plus aucun bruit.

Rigide et froid, l’ingénieur dessinait une forme funèbre sur son lit.

Était-il mort ? Était-il seulement endormi comme les fakirs hindous dont il venait d’expérimenter la redoutable formule ? À la question, personne au monde n’aurait pu répondre.