Aller au contenu

Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
L’AÉROPLANE-FANTÔME

— L’usine inconnue sera détruite à huit heures, murmura-t-il. Où est-elle ? On ne me le dit pas. Impossible de la découvrir en si peu de temps… Cela a été calculé ; parbleu. Alors quoi ? Je n’ai qu’à obéir. Attendre en lisant !

Puis avec un geste violent :

— Au diable ! C’est se moquer du monde ! Dire à un policier : une catastrophe se prépare, ne songez pas à cela, occupez votre loisir à vous délecter d’une petite histoire.

Mais s’apaisant soudain :

— Et cependant, cette lettre est d’une netteté impressionnante. On sent que son auteur ne doute pas de ma résolution finale. Qu’y a-t-il donc de si particulier dans sa confidence ?

M. Lepiquant eut un geste dépité.

— Eh ! Je n’ai qu’à lire !

Et s’accoudant rageusement sur le bureau, il tourna la première page du cahier. Cette ligne frappa ses yeux :

« Enquête promise au tombeau ».

Il tressaillit. Ses regards se portèrent sur la feuille. Ils ne devaient plus s’en détacher jusqu’à ce qu’ils eussent atteint la dernière ligne, car le manuscrit de Miss Veuve relatait dans ses moindres détails l’aventure tragique dont François de l’Étoile avait été victime.

Le mémoire de l’étrange correspondant du préfet se terminait par les lignes suivantes :

« Von Karch, sa fille, Liesel Muller, Tiral, ont disparu.

« Eux seuls peuvent fournir la preuve de l’innocence de l’homme enfermé dans le mausolée des Fairtime.

« Or, l’administration allemande refuse de divulguer leur retraite. Elle craint d’avouer ainsi les monstrueuses pratiques de l’espionnage.

« Et cependant, je veux l’honneur pour François de l’Étoile.

« Je pense, Monsieur le préfet, que vous n’hésiterez pas à communiquer ceci à la presse pour que les peuples sachent le bon droit de mon côté, pour qu’ils apprécient justement Miss Veuve, protégeant la tombe d’un honnête homme contre un gouvernement protecteur d’espions. »

C’était tout.

Le préfet finissait à peine, qu’un grondement sinistre résonna dans l’air. On eût cru qu’un orage lointain tirait une salve d’éclairs.

D’un mouvement instinctif, M. Lepiquant se tourna vers la pendule. Au même instant, la sonnerie se mettait en branle frappant la huitième heure.