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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/137

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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Et aussi à votre « roi », comme vous dites.

Amicalement, Tril lui frappa sur l’épaule.

— Tu es un good fellow (bon garçon), Joé. Tu l’aimeras aussi plus tard. Pour l’heure, il s’agit de lui obéir.

Puis d’un ton net, autoritaire :

— Tu vas rester de faction ici. Si l’homme sort, un ou deux coups de sifflet, suivant qu’il tournera à droite ou à gauche.

— Mais vous, Master Tril ?

Tril désigna du doigt l’entrée du ministère de la Justice et avec une gravité comique, il prononça :

— Si le suisse te le demande, tu lui répondras que tu n’en sais rien.

Sur ce, entraînant d’un signe les fillettes dans ses traces, il se dirigea rapidement vers la place de Paris.

Les trois adolescents ne s’arrêtent pas sur cette place. Ils la traversent, avec un regard fugitif aux ambassades de France et d’Angleterre qui se font vis-à-vis, telles deux sentinelles vigilantes placées à chaque extrémité de la monumentale porte de Brandebourg, aux cinq arches, qui sépare la ville proprement dite de la lisière de Thiergarten, ce bois de Boulogne berlinois.

Ils passent sous la porte surmontée d’un quadrige avec ses coursiers dressés, puis ils tournent brusquement à gauche, s’engageant dans l’avenue dite Kœniggratzerstrasse, laquelle est bordée d’un côté, par les murs de clôture des jardins réservés à l’arrière des hôtels de la Wilhelmstrasse, de l’autre par les taillis du Thiergarten.

C’est une voie peu fréquentée qui s’allonge entre les murailles et les arbres. On est presque certain de n’être pas dérangé par des indiscrets. Et Tril donne des ordres à ses compagnes.

— Ketty, ici, à l’angle. Surveillez la porte de Brandebourg et la route de Charlottenbourg qui coupe Thiergarten en deux parties égales. Sifflet, comme pour Joé.

La petite s’immobilise à l’endroit désigné. Tril continue sa marche avec la seule Suzan.

— Toi, Suzan, fait-il d’une voix adoucie, prends ce journal, tu feindras de le lire en face de la petite porte du parc de la Chancellerie. Quand je serai sur le point de sortir, j’imiterai le cri de l’hirondelle. S’il n’y a aucun curieux aux environs, tu répondrais de même. Ton silence m’avertirait qu’il faut attendre.

— Bien, mais sois prudent.